A la fin de la journée alors qu'elle était assise en haut de la colline, adossée à un arbre, à regarder le soleil se coucher, elle fut rejointe par son époux qui sans un mot prit place à côté d'elle. Elle tendit la main qu'il prit dans la sienne. Il était marqué. Les évènements n'avaient pas du être facile pour lui. Ils restèrent ainsi silencieux pendant quelques instants puis, elle prit la parole.
- Parle-moi d'elle.
- D'Amy?
- Oui
- Cette journée lui a été entièrement consacrée. Je ne t'ai même pas vu t'en aller. Non ...
- Pourquoi?
- Tu en as assez supporté. Je ne veux pas te blesser.
- Bien. Lui répondit-elle en lui caressant la joue. Si tu ne veux pas en parler, je vais le faire, moi.
- Qu'y-a-t-il sur Amy que je ne connaitrais pas?
- Le fait que pour la petite fille que j'étais, elle était un ange?
- Un ange?
- C'est ainsi qu'elle m'est apparue la première fois que je l'ai vue. J'attendais avec les autres enfants du cortège quand elle a descendue le grand escalier de la maison de ses parents. Elle était magnifique dans une robe blanche, ses cheveux blonds qui lui descendaient jusque dans le bas du dos. Ils étaient retenus grâce à une pince savamment placée. Mais s'il n'y avait que sa beauté, je l'aurais oublié, je crois.
- Qu'y avait-il d'autre?
- Elle s'est arrêtée à côté de moi et m'a demandé de tenir son bouquet pendant qu'elle réarrangeait sa chevelure. Elle n'aimait pas la façon trop guindée dont Héliape l'avait fait coiffé.
- C'est tout elle ça! S'exclama-t-il la voix enrouée.
- Elle a enlevé la pince, la mise dans ma main et a laissé ses boucles s'échapper. D'un geste du doigt, elle m'a fait promettre de garder le secret.
- Héliape devait être fort mécontente.
- A plus forte raison, Harold n'était pas Beauvoir et la moindre contrariété la faisait s'enflammer. Elle a pesté, voulu savoir qui s'était occupé de la coiffure d'Amicia mais je n'ai jamais parler. Je n'avais rien dit jusqu'à présent.
- Merci ...
- Si tu savais à quel point, je voulais être comme elle. Je voulais être elle Guy. J'ai prié pour le devenir. Mais jamais je n'aurais imaginé que mes prières se retourneraient un jour contre moi.
- Comment ça?
- Je ne voulais pas vivre sa vie. J'ai paniqué le jour où j'ai su qui étais la mère des enfants. Je me suis détestais de t'aimer. J'aimerais tellement pouvoir te la rendre ...
Elle du s'interrompre pour reprendre de la prestance, elle ne voulait pas s'effondrer devant lui, pas aujourd'hui, alors qu'il avait besoin qu'on l'épaule et le soutienne. Il la surprit en venant se blottir contre elle, posant sa tête sur sa poitrine, il lui dit:
- Tu viens de le faire. Tu me l'a rendue telle que je l'aimais. Elle était libre, sans entrave et surtout pétillait de malice. Tout le monde a évoqué son souvenir aujourd'hui mais toi seule a su m'en parlé telle qu'elle était et que je l'aimais. Sans elle, je crois bien que je ne serai plus là pour te parler.
- Ah?
- Tu le sais, je n'ai pas toujours été quelqu'un de bien.
- Je me souviens de la blessure de mon père en effet.
- Comme toi, elle ne s'est pas arrêté à ces faits. Elle aurait pu comme les autres m'humilier ou me manipuler mais elle a su voir en moi ce qu'il pouvait y avoir de bons. Je l'ai, je crois tout de suite aimé, mais elle m'a d'abord donné son respect. Puis est venue l'amitié et avec lui, un amour dont nous étions si fiers. Elle avait fait de moi un autre homme, un de ceux en qui on pouvait faire confiance. J'ai même était le détenteur d'un des plus hauts secrets d'Etat parce qu'elle croyait en moi. Mais ne va pas croire que tout a été facile. Plusieurs fantômes planaient au-dessus de nos tête. Celui d'Harold d'abord qu'elle n'avait pas totalement oublié et puis ...
- Et puis?
- Avant moi, elle a fortement été lié à Alan. Ils devaient se marier ... Bref, ils nous a fallut un certain temps et pour moi la perspective de la perdre, pour parvenir à vivre sereinement.
- Comment as-tu fais pour accepter Harold?
Il ne lui répondit pas dans un premier temps et se contenta d'enfouir son nez entres ses seins. Elle aimait ce geste d'intimité, car il y cherchait souvent du calme et de la sérénité qu'elle seule pouvait lui donner. Enfin, il parla:
- Je ne me suis jamais réellement senti en danger à cause d'Harold. Au début peut être mais lorsqu'Amy s'est donnée à moi, elle l'a fait totalement. Elle était toute à moi. Bien sûr, je savais qu'une partie d'elle s'en était allée avec lui. Mais il n'a jamais eu sa place entre nous. Pas comme ...
- Chut ...Ne dis rien. Profites de l'instant présent Guy.
Elle lui embrassa la tête, et resta un moment penchée sur lui à goûter son étreinte. Elle l'aimait tellement qu'elle refusait qu'il ait la moindre contrariété à cause d'elle. Seul comptait son bien être. Il se serra un peu plus contre elle et la sentit frissonner. Etait-ce du désir, de l'appréhension ou de froid. Il ne savait pas. Certainement un peu des trois. Doucement, il se détacha d'elle et se remit debout avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever. Il l'embrassa ensuite telle qu'elle aurait toujours du être embrassée. Par ce baiser, il lui dit alors ce qu'il n'arrivait pas encore à lui avouer. Il lui dit qu'il l'aimait. Un jour, il serait capable de la regarder dans les yeux et le lui confier. Mais pour l'instant, il lui prouvait. Avant qu'ils ne rentrent au château, il lui murmura à l'oreille:
- Merci d'avoir adouci cette journée.