N°3

Un domestique se tenait dans l’encadrement de la porte. Il affichait un air vicieux et Gaëlle eut la certitude qu’il l’avait observé pendant qu’elle se changeait. Elle envoya Aelys retrouvait ses grands-parents et s’adressa à l’inopportun.
- Que puis-je pour vous ? Lui demanda-t-elle sèchement
- Le seigneur nous a demandé de déménager vos affaires.
- Pour les mettre où ?
- Il a dit qu’il était temps que vous ayez une vraie chambre.
- Bien.

Elle ne discuta pas les ordres de Guy devant cet homme. Elle irait directement s’adresser au shérif et lui rappeler ce qui quelques mois plus tôt avait été décidé. Voyant l’homme s’avançait, elle prit la robe bleue et la plia délicatement pour la ranger dans le coffre avant que celui-ci ne fut emporte. Mais au lieu, de s’emparer de ses affaires, le domestique la colla contre le mur, cherchant à l’embrasser. Elle se débattit comme elle put, se cognant au coin du mur, mais il était plus fort qu’elle. Il posa une main sur son sein qu’il pinça violemment.
- Allez fais pas ta mijorée, on sait tous que tu couches avec lui ! Je ne veux qu’un peu de ce que tu lui donnes à lui.
- Laissez-moi, se débattait la jeune femme qui refusait de le laisser approcher de sa bouche.
- Ah moins bien sûr que je ne sois pas assez bien pour toi trainée ! Je ne vais pas t’élever !

A peine avait-il prononcé ces paroles qu’il fut soulevé du sol et violement claquer contre le mur.
- Et si tu t’en prenais à plus fort que toi ?

Le domestique pouvait à peine parler, la main qui le retenait l’étranglait. Il allait étouffer. Le voyant virer au violet, Gaëlle intercéda en sa faveur.
- Guy ! Vous allez le tuer ! Guy ! Arrêtez ! Guillaume est à côté.

A la mention de son fils, le shérif consentit à reposé l’individu mais le retint par le bras quand il fit une tentative pour s’en aller.
- Va m’attendre dans mon bureau, je t’y donnerai tes gages et tu pourras t’en aller. Mais pas d’entourloupe, je veux que tu m’y attendes sinon crois-moi, je te traquerai où que tu sois.

L’agresseur détala alors sans rien ajouter. Guy reporta son attention sur Gaëlle, elle était choquée, avait du mal à respirer et se trouvait au bord des larmes. Il lui tendit alors les bras où elle vint se blottir pour sangloter. C’est alors qu’il remarqua le filet de sang qui s’écoulait de sa tempe.
- Tu es blessée …
- Ce n’est qu’une égratignure.
- Je veux que tu ailles voir Djacq.
- J’irai, lui répondit-elle en posant sa tête lourde sur sa poitrine.
- Gaëlle ? L’appela Guy inquiet de la sentir peser de plus en plus lourd dans ses bras.
- J’ai la tête qu …

Elle ne répondit pas et perdit connaissance. Il la souleva alors, sorti de la pièce et quitta la nursery sans prendre le temps de répondre à Guillaume qui était réveillé. Il lui fallait aller jusque chez Will et Djacq pour permettre à la jeune femme de la soigner. Il savait par expérience qu’une blessure à la tête pouvait être mortelle et priait pour arriver à temps. On installa la jeune femme sur une table dans la salle dont se servait Djacq pour recevoir les malades. Gaëlle avait reçu un mauvais coup à la tête et la jeune médecin craignait qu’un hématome ne se soit créé à l’intérieur de son crâne. Il y avait peu de chose à faire, si ce n’était drainer le sang.
Les sentiments du shérif oscillaient entre la peur et l’envie de meurtre. Incapable de rester regarder Djacq enfoncer son instrument dans la tête de la jeune femme, il tourna les talons et prit la direction du château. Il courut jusque dans son bureau où l’attendait l’agresseur de Gaëlle. Le pleutre n’avait pas eu le courage de s’enfuir. Une fois de plus, il fut plaquer contre le mur mais cette fois-ci Gisborne ne se contenta pas de l’étrangler, il lui envoya son poing dans la figure, lui cassant le nez et plusieurs dents. Puis l’attrapant par le col, il lui dit :
- Si elle meurt, je te tue, tu m’entends ?

L’autre incapable de parler hocha la tête. Robin qui était venu apporter les affaires de la jeune femme et qui avait suivi Guy jusque dans son bureau, l’empêcha alors de le frapper une seconde fois.
- Il ne sert à rien de le battre à mort ! Cela ne la ramènera pas.
- Elle est ….
- Non

Des gardes entrèrent dans le bureau et emmenèrent le malheureux au cachot. Guy se laissa tomber sur le sol.
- Comment pourrai-je le leur dire si elle venait à mourir ?
- Le dire à qui ?
- Aelys et Guillaume. Ils ont déjà perdu leur mère, n’ont-ils pas déjà assez soufferts ?

Robin le regardait incrédule. Il venait de le voir agir comme un homme fou amoureux et la minute d’après, renier ses sentiments pour se cacher une fois de plus derrière Amicia. Il savait que Guy pouvait être borné mais à ce point, il ne parvenait à le croire qu’avec beaucoup de mal. Il se contenta alors de lui dire :
- Elle s’en remettra, tu verras. Ils ne la perdront pas.

Gaëlle ouvrit les yeux péniblement. Elle était allongée dans un lit inconnu, à ses côtés se tenait Marian, endormie, la tête reposée sur ses bras croisés contre le matelas. Elle se réveilla quand son amie bougea.
- Tu es réveillée !
- J’ai soif…
- Attends je vais t’aider, répondit la jeune lady en lui tenant le gobelet. Tu nous as fais peur tu sais ?
- Depuis combien de temps ?
- Tu es inconsciente ? Trois jours. Les enfants sont très inquiets et campent devant ta porte. Robin et moi sommes venus nous installés ici et Guy …
- Doit être ravi ...
- Tu fais de l’humour, tu vas mieux. Mais en fait, je ne sais pas si Guy a vu que nous étions ici, il s’est enfermé dans son bureau et bois.
- Il pense à Amicia certainement.
- Où il s’inquiète pour toi
- Quelque part dans mes rêves, c’est ce que j’ai pu imaginer ces trois derniers jours mais dans la réalité …
- C’est la première fois que tu parles de lui.
- Parce qu’il n’y a rien à dire.
- Pourtant …
- Marian, je l’aime, je me suis donnée à lui mais il est toujours profondément attaché à son épouse. J’étais dans ses bras après que nous … enfin il lui a parlé dans son sommeil et lui a dit qu’il l’aimait.
- Gaëlle, je ne sais …
- Je suis fatiguée Marian. Embrasses les pour moi d’accord ? Dis leur que j’irai mieux très vite.

Elle s’endormit très rapidement. Marian écouta un temps sa respiration paisible et sortit prévenir les autres habitants du château. En passant devant le bureau, elle ne put s’empêcher de frapper à la porte. Guy lui aboya d’entrer. Comme souvent, il s’adoucit en la voyant s’avancer. Ils avaient tous deux un passé qui certes était enterré mais ils avaient su créer des liens d’amitié.
- J’ai pensé que vous seriez soulagé d’apprendre que Gaëlle s’est réveillée.
- Merci, lui dit-il d’une voix qui se brisa.
- Guy ne restez pas ici, allez la rejoindre, elle ne demande que ça. L’implora-t-elle en le prenant contre elle.
- Je ne peux pas …
- Amicia ne voudrait pas vous voir ainsi. Elle aimait trop la vie pour vous regarder gâcher la votre.
- Je ne suis plus rien sans elle….
- Vous apprendrez à être autrement. Mais votre entêtement va vous couter l’amour de Gaëlle. Continuez ainsi et elle vous fermera à jamais son cœur.

Guy se redressa et reprit une contenance.
- Vous pouvez partir maintenant. Je vous remercie de m’avoir prévenu.
- J’ai une dernière chose à vous dire : je sais que vous avez menacé cet homme de le tuer si elle devait mourir. Maintenant c’est à moi de vous mettre en garde Guy de Gisborne. Si vous lui faite du mal, c’est moi qui vous tuerez. Rien ne m’empêchera et vous le savez, je vous ai déjà par le passé très souvent battu au combat.

Et sur ces mots, elle s’en alla.